Auteur: Pinke
Date: 19-07-13 15:25 >>> Répondre à ce message
Petite réflexion en marge du sujet, j'en profite que personne n'est chez moi et que je peux fumer une cigarette sans crainte de polluer l’Antarctique ou d'agresser l'un de mes proches avec mon dangereux tabagisme passif !
Quelle étonnante mesure douanière de la part de l'état sénégalais et de l'administration de son tout nouveau président! Il s'agit peut-être d'aider à réduire de façon drastique le nombre chaque année dégringolant de touristes occidentaux qui au nom d'un sacro-saint romantisme exotique s'obstinent à vouloir quand-bien-même visiter ce Sénégal réputé si pur et dur?
Tous ces Mars, Apollon, Dionysos bedonnant portant avec fierté pour ne pas dire défi dans le regard, bien haut le bermuda et toujours prompts à écraser de leurs tongues divines en goguette la moindre parcelle de nature vierge de tout péché?
Le touriste occidental est le nouveau Midas du temps mondialisé, il change en merde tout ce qu'il touche. Qui a été touriste une fois dans sa vie sait de quoi je parle ou bien est un touriste à vie.
Cependant, l'argent de ces milliers de Midas éclairés circule plus ou moins bien à travers le béton et fait vivre une forme d'économie parallèle en lui insufflant un peu d'oxygène, même s'il s'agit d'oxygène d'un vert douteux. Je connais pas mal de sénégalais cher à mon cœur dont le train de vie est annexé sur celui de la courbe du tourisme de leur pays. Idem pour certains français en France, que serait Paris sans ses millions de visiteurs chaque année, que serait la France, grand petit pays parait-il bien mal en point s'il faut en croire les médias ? Le tourisme de masse incarne désormais l'unique destin des nations. Aucun pays n'est épargné, sauf peut-être la Corée du nord ou la Syrie, provisoirement.
Et pourtant, le Sénégal semble vouloir ramer à contre-courant, non pas parce que sachant que Dakar n'est pas Paris, l'impact d'une telle décision sur son économie risque d'être plus néfaste que bénéfique mais parce qu'il répond à l'occident français, la fameuse réponse de la bergère au berger, par le salutaire et suicidaire principe de la réciprocité. Suicidaire sur le plan touristique, économique, bien entendu. Salutaire si on aime l'espace et le silence des océans comme moi. La foule n'est supportable qu'à la télé, question épidermique.
Sous couvert de petit bras de fer idéologique, le Sénégal répond. Si nos touristes puent, les vôtres aussi à l'air de dire le Sénégal et nous vous traiterons avec le même cynique mépris que celui que vous utilisez à notre égard, sachez-le ! Vous aussi vous allez en chier au moment de partir en vacances, croyez-moi. Vous allez voir ce que c'est la Teranga, tout comme nous avons testé pour vous la réalité légendaire du pays des droits de l'homme. Tant pis pour tous ceux de nos concitoyens dont la survie dépend en partie de vos oboles. Pourquoi pas ? Ce n'est pas totalement faux non plus. Il fallait sans doute que quelqu'un démontre la véracité de la réciprocité de la connerie.
Autre hypothèse, un petit malin du gouvernement (ma femme me dit qu'il s'agit de Youssou N'dour, est-ce vrai?) se dit, vous avez vu, rien n'empêche les touristes de venir s'échouer en masse sur les aéroports français ou américains, pas même toutes les procédures sécuritaires et toutes ces taxes qui s’additionnent sans fin. Alors pourquoi ne ferions-nous pas la même chose ? Imaginez les sommes colossales perdues à chaque seconde qui passe pendant que nous parlons alors qu'il suffirait de faire comme tout le monde et de gérer le service après-vente comme d'habitude pour que les caisses se remplissent ? Imaginez ! Une fois qu'ils auront digéré la pilule, ils continueront a venir chez nous tout autant qu'avant nos chers petits touristes chéris. Rien ne peut les détourner de cette envie, de ce besoin, vous verrez...
Pas certain non plus de cette hypothèse mais impossible de l'écarter non plus. Quelqu'un connaît-il les chiffres officiels et/ou officieux de cette manne informelle ?
Je suis contre ce visa car pour la libre circulation des êtres. Je roule en solo depuis mon plus jeune âge. Je n'ai aucune envie d'aller à Bordeaux ou Marseille me faire tirer le portrait et palper les digitales afin de satisfaire à un quelconque règlement de compte politique. Mais tout ça n'a que peu d'importance.
Car il faudra bien s'y résoudre un jour ou l'autre ou bien décider ne plus foutre les pieds dans le pays de ma chérie. Mon choix cornélien est d'ors et déjà fait. Tout le reste n'est que pure râlerie pour la forme, le temps d'une cigarette.
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